L’heure était au débat d’orientation budgétaire, jeudi soir, lors de la séance du conseil municipal de Huningue. Pour le maire, il faudra songer à augmenter « modestement » la pression fiscale.
L’adjoint aux finances communales, Denis Andolfatto, a fait en préambule le point sur quelques chiffres de la période 2006-2010 où l’on constate les augmentations, en section de fonctionnement, de l’ordre de 27,44 % pour les dépenses et de 14,88 % pour les recettes, alors que l’autofinancement est en baisse de 13,37 %.
Mais ce qui inquiète surtout les élus, c’est l’avenir. D’ailleurs l’adjoint a fait remarquer que l’on observe dès cette année « le fléchissement des recettes », premier effet de la réforme de la taxe professionnelle. Et ce dernier point est bien « le cœur de la discussion », comme le résume le maire, Jean-Marc Deichtmann. Car si « tout un bouquet de contributions compose la contribution économique territoriale [elle remplace la taxe professionnelle : N.D.L.R], l e total ne représente que 65 % de ce que représentait la TP. » Et le transfert « d’un peu plus de taxe d’habitation » vers les caisses des communes ne permet pas de compenser le manquer à gagner.
« Nous sommes complètement sous la coupe de ce que le gouvernement décide et décidera. Nous n’avons plus d’autonomie financière, constate encore le maire. Si 2011 paraît réglée, je me fais plus de souci pour 2012, et beaucoup plus pour 2013. Nous avons une véritable épée de Damoclès au-dessus de nous avec cette question : aurons-nous ces compensations ? »
Jean-Marc Deichtmann note encore que, jusqu’à présent, « on nous a laissé travailler et faire beaucoup de choses » mais rappelle que « ces investissements ont un coût d’entretien annuel. Qu’allons nous devoir faire pour maintenir ce niveau de service ? », s’interroge-t-il encore.
René Moebel s’est dit « effaré et scandalisé » par les décisions du gouvernement, alors que « nous allions vers une autonomie financière ». Il a aussi fait remarquer que « les contribuables sont assaillis de partout ». Bref, les élus devront résoudre l’équation de « faire plus avec moins », comme le résume le maire.
« Nous sommes engagés sur une voie avec très peu de marges. Les règles du jeu ont été changées en 2009 sans que nous soyons prévenus. À nous de nous adapter. Il faudra revoir très sérieusement nos méthodes de travail et réfléchir mieux aux dépenses », poursuit Jean-Marc Deichtmann. Plus concrètement, le maire a annoncé « qu’une réflexion est engagée avec comme axiome la baisse de 20 % de la part variable des dépenses de fonctionnement ». Cette part représente « entre 12 et 15 % des dépenses réelles du fonctionnement. L’économie sera d’environ 100 000 euros. »
Quant à la pression fiscale, Jean-Marc Deichtmann concède qu’on « ne peut jouer que sur les impôts des ménages », refusant ainsi comme certaines collectivités de matraquer les ménages avec des hausses de 30 %. Le maire constate même que le conseil pourrait décider de ne pas augmenter les taxes en 2011 puisque la base sera revalorisée de 2 %. « Mais égard à ce qui va se passer dans les années qui viennent, il nous faudra modestement augmenter notre pression fiscale. » Le maire avance un maximum de +1,5 % mais songe à fixer la chose à +1 %, ce qui représenterait 50 000 euros de recettes. Le conseil en décidera lors de la séance budgétaire en avril prochain, et très certainement encore dans le brouillard.
Source : L'Alsace