mercredi 17 octobre 2012

LA MAFIA ALBANAISE EGALEMENT A HUNINGUE

Un réseau de trafiquants albanais démantelé à Mulhouse et à Saint-Louis
Plus de 200 policiers ont mené hier, simultanément sur 21 sites à Mulhouse, Saint-Louis et Huningue, une opération d’ampleur pour démanteler un vaste réseau de trafiquants de drogue et d’immigrés clandestins venant des Balkans.


5 h 45, quai de l’Alma à Mulhouse : une dizaine de voitures et trois fourgonnettes de CRS se garent en file indienne, côté canal, à hauteur de la rue du Port, non loin de la gare. Quelques secondes plus tard, une quinzaine d’hommes cagoulés et armés appartenant au Raid descendent des véhicules. Des hommes de la Police aux frontières (PAF) de Saint-Louis, ainsi que deux enquêteurs allemands se postent, à leur hauteur pour donner les dernières consignes. Il est 6 h quand l’assaut des policiers du Raid, aux côtés desquels se trouvent des CRS pour sécuriser les lieux, est lancé, dans l’immeuble situé au n° 20 de la rue de l’Est. Un endroit connu, depuis de nombreuses années, comme ayant été un haut lieu de la prostitution locale.

Des bruits assourdissants retentissent du troisième étage. Les portes d’entrée de trois appartements sautent : « Police, police ! » En quelques secondes, huit personnes sont maîtrisées et menottées. À 6 h 30, l’intervention est terminée. Le Raid quitte les lieux et cède la place aux enquêteurs, qui commencent à perquisitionner trois appartements. Deux chiens de recherche de drogue, avec leurs maîtres français et allemand, sont dépêchés sur place, ainsi que des interprètes en langue albanaise.
La rue de l’Est n’a pas été la seule investie hier matin par des policiers cagoulés. Des opérations du même type, associant de nombreux policiers allemands, se sont déroulées dans d’autres rues de la ville. La rue de l’Est était néanmoins au cœur de cette vaste opération, réalisée après plus de deux ans d’enquête, dans le milieu de la mafia albanaise.

Parallèlement, des policiers des Groupements d’intervention de la police nationale de Strasbourg, Lille, Lyon et Rennes se sont rendus, également aux côtés de CRS et de policiers ludoviciens et mulhousiens, sur vingt autres sites à Mulhouse, Saint-Louis et Huningue. De l’autre côté du Rhin, en Allemagne et en Suisse, d’autres policiers sont intervenus sur six sites.

Au total, 39 personnes du côté français et trois du côté allemand ont été arrêtées lors de ce coup de filet, mené sur commission rogatoire d’un juge d’instruction de Nancy. « Il semblerait que des personnes n’aient pas encore été interpellées, a indiqué Rémi Coutin, procureur de la Juridiction interrégionale spécialisée de Nancy. Le cas échéant, nous délivrerons des mandats d’arrêt. »

Cette enquête, menée au départ par la Police aux frontières de Saint-Louis, portait sur des criminels albanais à la tête d’un important réseau d’immigration clandestine de réfugiés kosovars. « Les enquêteurs se sont rendu compte qu’il y avait un trafic d’héroïne très important, dans les milieux albanais et kosovars, implantés dans la région de Saint-Louis, Mulhouse, mais aussi en Suisse et en Allemagne, portant sur plusieurs centaines de kilos d’héroïne », a précisé Rémi Coutin.

Une cellule d’enquête a été spécialement créée dans le cadre de l’unité de coopération judiciaire de l’Union européenne (Eurojust). Des experts de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), d’Europol et d’Eurojust, les deux offices européens en matière de police et de justice, ainsi que des membres de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest), ont participé à l’opération d’hier.

Les 42 personnes interpellées ont été placées en garde à vue dans des locaux mis à disposition par la CRS 38 d’Illzach. Les premières d’entre elles devraient être déférées demain à Nancy.
« Il n’y a pas que des gens qui viennent des Balkans, des personnes d’autres nationalités sont également impliquées, a ajouté le procureur du TGI de Nancy, Thomas Pison. Ce vaste réseau, avec des ramifications en Europe, porte sur de l’héroïne, voire de la cocaïne, mais aussi, peut-être, d’autres produits. Ce dossier peut apporter des éléments importants concernant le trafic de stupéfiants dans l’Est de la France. »

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